épisode3: toi, toi mon toit

Episode 3 : toi, toi mon toit.

Normalement, la narration d'un historique en épisodes devrait se faire chronologiquement.
Il me faut donc préciser qu'ici (à part le voyage aller évidemment), les différentes parties sont plutôt écrites suivant un thème et s'enchevêtrent donc pendant cette période de création d'un centre d'astronomie au cœur de l'Atlas.

Le matériel a donc été passé sous crible afin de disposer d'instruments parfaitement en ordre.
Les deux 114/900 par exemple ne font plus qu'un, ré-assemblé à partir des meilleurs éléments de chaque télescope.
Mon tout premier instrument, le seben big boss, servira pour les cours « d'anatomie du télescope » et sa monture a été transformée pour accueillir les jumelles 20x90.
En passant, chapeau bas à Hussein, forgeron, qui avec Said ne m'a pas fabriqué les pièces pour fixer les binos comme j'avais demandé, mais changé mes plans pour un résultat nettement plus efficace et pratique!

Le matériel étant en ordre, fallait encore s'affranchir des lumières parasites gênantes pour observer depuis le toit.
Chose faite avec des bâches en plastique noir et de la corde, il suffit de fermer les rideaux pour profiter du spectacle céleste.



Par temps clair, à l'œil nu les 7 étoiles du petit chariot sont évidentes, la Voie lactée s'estompe à une vingtaine de degrés sur l'horizon mais est bien dessinée au zénith, avec ses zones plus sombres qui la séparent en deux, les concentrations d'étoiles comme celle de l'Ecu…
Vu la latitude, le Sagittaire s'observe plus longtemps durant la nuit.
On voit la théière verser jusqu'à la dernière goutte, placée à la verticale.
Surprenant aussi, la grande casserole qui disparaît partiellement sous l'horizon. Héra n'avait donc pas quitté le Septentrion ? Elle se baigne la Grande Ourse, si si ! Vue d'Azilal, elle prendrait une douche sous les cascades d'Ouzoud au Nord Ouest avant de nager dans le lac Bin El Ouidane plus à l'Est.

Pour l'observation aux jumelles, installez-vous confortablement dans un transat et laissez-vous errer dans des bal(l)ades enchanteresses.
Vous pourriez très bien y passer la nuit, du foisonnement de Messier 24 au dessus du Sagittaire jusqu'au groupement d'étoiles autour de Mirfak dans la constellation de Persée, faisant ainsi le tour de la moitié de notre galaxie.

Mais vaux mieux se promener par petites étapes et s'arrêter au gré des merveilles ou curiosités. La nébuleuse sombre NGC 7000 par exemple, elle s'étudie comme une carte de l'Amérique du Nord aux 7x50, avec la côte Atlantique, le Golfe du Mexique…
Ceci n'est possible que sous un ciel bien pur et dégagé, conditions dont j'ai pu profiter depuis la terrasse du toit.
De nouvelles découvertes pour moi (je ne m'y étais pas attardé avant) que ces nébuleuses par absorption, je fais donc particulièrement attention aux « Barnard's » indiqués dans mon atlas.


Sous ce ciel, le pointage « au naturel » des « classiques » est un jeu d'enfant dès qu'on sait à peu près où se trouve l'objet : ils sont quasiment tous visibles au chercheur 6x30.

Même avec un instrument modeste, la pollution lumineuse modérée permet donc de nombreuses découvertes en ciel profond pour l'astronome amateur débutant ou confirmé.

Les amoureux des planètes (et spécialement les webcameurs) seront comblés: en cette période par exemple, Jupiter culmine à plus de 40°. Cette hauteur permet bien souvent des grossissements élevés sans trop de problèmes de turbulence.
Beaucoup de possibilités donc en astronomie, avec tout le confort du « comme chez soi », (même si la maison n'est pas terminée).

En attendant l'achèvement de la structure administrative d'astrAtlas (à l'heure où j'écris ces lignes, le siège social de l'association reçoit ses premières couches de peinture), je n'ai pu partager mes observations depuis le toit qu'avec une poignée de personnes, les membres fondateurs bien sûr et quelques amis ou invités.
(Impatient dans ce domaine, j'ai fait autrement pour les gens du quartier…ce sera raconté dans un autre épisode : « mariage et nouvelle alliance »)



Les premières nuitées avec les nouveaux amis suivent un programme des plus classiques.
Repérage de Polaris, mouvement de rotation de la Terre, alignements des principales constellations, test d'acuité visuelle (et mise au point instrumentale) avec Alcor et Mizar.
Ce préambule terminé, explications sur la vie et mort des étoiles à travers le bestiaire céleste : couleurs, doubles, nébuleuses par réflexion (la lagune M8 et Omega M17), les amas ouverts (beaucoup de succès les canards sauvages M11), les nébuleuses planétaires (M51 et 27).
Ah, enfin, maintenant ce sont eux qui sont étonnés, pas moi !
Notez qu'avec un T300, le contraire m'aurait étonné, mais on ne sait jamais…

Après ce tour d'horizon galactique, on part plus loin avec les globulaires, et toujours plus loin avec la galaxie d'Andromède.
Quand ces « taches floues » sont servies avec des spécifications genre âge et distance, l'étonnement augmente ainsi que les questions…
Et dire qu'à l'échelle de l'Univers, on n'est que sur le pas de la porte devant un horizon que nul peut atteindre (forcément, au plus on avance, au plus ça recule)
Il est temps de revenir sur Terre, avec une halte sur Jupiter afin de freiner cette chute vertigineuse.

Des personnes de formation scientifique (maths, géo, bio…) découvrent de leurs propres yeux un nouveau monde et en ressortent émus.
La Lune si familière, vue la première fois grossie aux jumelles, devient une belle étrangère.
Stupeur et émerveillement.

En voyant cela, je sais de cette graine qu'est encore astrAtlas, qu'elle est plantée en terrain vierge, mais fertile.


A suivre…

Patte.


28/07/2009
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